THESE DE DOCTORAT

 

Elisa GREGORI (Università di Padova).

 

«Un Pausanias à la main » . Chateaubriand archéologue et antiquaire.

 

Thèse de doctorat (Dottorato di Ricerca in Romanistica, XVII ciclo), sous la direction du Prof. Patrizio Tucci, soutenue le 6 avril 2006; Jury: avec Mesdames les Professeurs Giovanna Angeli de l'Université de Florence et Ivanna Rosi de l'Université de Pise et Monsieur le Professeur Piero Toffano de l'Université d'Urbino.

 

Ce travail présente une étude au sujet de l'intérêt de François René de Chateaubriand pour les ruines et le passé monumental recherché dans les récits de ses voyages ( Voyage en Amérique, Voyage en Italie, Itinéraire de Paris à Jérusalem ), dans la transpositions de ceux-ci dans les Mémoires et dans les chapitres du Génie du Christianisme où l'auteur exprime sa pensée esthétique.

 

Dans la première partie on étudie l'engouement pour les restes du passé qui se développe, comme un véritable culte, à partir de la Renaissance jusqu'au XVIII e siècle ; ensuite l'ultérieure évolution - de la poétique des ruines à la naissance de l'archéologie - qu'on peut observer de la fin du XVIII e siècle aux années trente du XIX e siècle.

 

La seconde partie du travail met en relation ces thématiques et cette évolution avec les intérêts de Chateaubriand et leur concrétisation dans ses oeuvres.

 

On a étudié séparément les textes du Vicomte en cherchant à reconstruire diachroniquement son enthousiasme pour les ruines. Dans ses textes on repère en effet tant la poétique des ruines - c'est-à-dire la rêverie, la méditation sur les révolutions de l'histoire et des civilisations, la vanitas de toutes choses et la finitude de l'homme - que l'observation et l'étude presque scientifique des vestiges.

 

L'étude analyse d'abord le texte américain et les premiers sursauts de curiosité scientifique, ensuite la poétique des ruines racontée dans le Génie. Le Voyage en Italie et les lettres écrites de ce pays sont les plus intéressants pour notre enquête sur la passion archéologique du Vicomte. Ses séjours italiens racontent encore une fois la rêverie sur les ruines et une curiosité qui devient fouille matérielle pendant le printemps 1828-29. Dans la dernière partie, c'est le périple oriental qui porte Chateaubriand sur les lieux qu'il a tant aimés dans les livres qu'il a lu.

 

De notre étude résulte la figure d'un archéologue dilettante , qui aime à se présenter comme un érudit qui a fait des découvertes. Certes, Chateaubriand n'est pas un archéologue attentif aux détails, ce qui lui intéresse c'est l'archéologie recomposée, il voyage sur les pas des personnages de fiction et des auteurs du passé. On a en outre analysé et trouvé des méthodes de convocation du passé monumental dans ses textes, par exemple l'emploi de la citation pour décrire les ruines et le décalage temporel entre les monuments vus et l'auteur cité pour les raconter.

 

En conclusion, dans Chateaubriand coexistent deux âmes : poétique des ruines et intérêts scientifiques. Il est un poète qui exprime aussi ses idées sur la restauration et le sacrilège des musées, un amateur d'archéologie qui suit chaque jour les fouilles à Tor Vergata pour y retrouver des restes et y lier sa renommée.